Vanessa & The Os’
LA BALLADE D’O
Vanessa a une histoire à raconter.
Celle avec son groupe de magiciens d’O’s remonte à 2003. Mais la sensualité diffuse de la musique a embrasé son cœur depuis le premier bal.Dos à la Seine sur une terrasse ensoleillée, Vanessa Quinones explique avoir grandi dans un milieu littéraire et politique qui voulait la forcer à faire des grosses études.
En Français, Anglais ou Espagnol, Vanessa Contenay-Quinones parle aujourd’hui comme elle chante, avoue lire beaucoup de poésie et aime bien dire des choses entre les lignes, pas trop directes. Teddy girl à quinze ans, c’est avec Pump Up The Volume de M/A/A/R/S qu’elle découvre la musique électronique. Choc et tilt immédiats dans la tête de Vanessa qui n’a entendu jusqu’ici que de la musique classique. Elle décide d’apprendre les claviers et se lance avec innocence dans diverses expériences musicales, apparaissant dix minutes sur un album underground drum’n’bass avec A Guy Called Gerald ou bricolant un remix pour The B52’s.
En l’an 2000, Vanessa prend une bonne résolution. Celle d’apprendre la guitare. Le hic, c’est qu’elle entretient une relation de « love & hate » avec son pays. Touche-à-tout, la jeune fille aime tout toucher en studio et ça n’est pas toujours du goût de tout le monde. Naïve, elle imaginait le pays des livres de son enfance un peu plus romantique et mélancolique. Pas grave puisque ses comptines d’une France plus ancienne ont au moins le mérite de dérider un certain Lou Reed, qui l’invite à venir chanter Sunday Morning du Velvet Underground avec lui en Français à New York. Là, l’homme lui confiera ensuite qu’elle fût la première chanteuse après Nico à avoir interpréter dans sa propre tonalité la chanson, qui se transforme soudain en hit surréel dans l’Italie d’Ennio Morricone.
C’est ensuite au tour de l’Allemagne, puis du Japon de s’intéresser à Vanessa, nouvelle reine de rêve d’un monde pop perdu. Elle « connecte » ensuite avec la Suède, à travers l’album d’A Camp de Nina Persson, où la chanteuse des Cardigans chante de jolies mélodies écrites à l’aide de Niclas Frisk, leader du groupe Atomic Swing. Celui-ci succombe à son tour à l’univers de Vanessa et il entraîne son camarade compositeur Andreas Mattsson de Popsicle dans l’aventure des O’s.
Conscients du fait qu’il est parfois nécessaire de poser une cerise sur le joli bouquet, les amis décident alors de s’adjoindre les services raffinés du guitariste James Iha, plus ou moins en rupture de Smashing Pumpkins. Indie et en contrôle artistique total, la machine est lancée et un premier album voit le jour avec la complicité de Pelle Gunnerfeldt, producteur des Hives, The (International) Noise Conspiracy ou Fireside, invité à jouer un peu de basse et mixer les chansons.
Enregistré sur un Mac portable et des guitares entre la Suède, New York, Paris et Londres, La Ballade D’O s’ouvre avec Bagatelle et ses rimes en ailes qui claquent avec le froissement d’une jarretelle accrochée à la proue d’un bateau mouche. Fleurs Du Mal et Venus A La Fourrure posées sur la table de chevet, le parfum des fantômes de Marlène et d’Anita émanent des Initiales V.O’S.
Le décor est planté, ça fait un peu mal en même temps que du bien. Enrobé dans du sucre candide, Charlie Charlie succède à Plus Rien, la chanson ayant fait fondre en larmes Francis Zégut sur RTL2. Et puis Waiting For Lou, cette rencontre qui valait bien une chanson. A ce sujet, Vanessa vient d’en enregistrer une autre avec Scott Walker, qui figurera sur le prochain album du crooner (son premier en studio depuis dix ans).
L’album culmine sans doute avec Stand. Mais de Till Next Tuesday à Gorgeous Death, cette Ballade d’O s’écoute en définitive les yeux fermés et en se laissant aller. Vincent Hanon – décembre 2005