Tom Waits dans Tele Obs
Tom Waits de retour après sept ans d’absence
Tom Waits a tourné pour Jim Jarmush © Lucy Nocholson/AP/Sipa
“Bad as me”, le nouvel album du musicien de 61 ans sort ce lundi 24 octobre.
Tom Waits, musicien singulier vénéré par ses pairs, est de retour ce lundi 24 octobre après sept ans d’absence avec “Bad as me”, un album plus accessible que le précédent où le blues et le jazz servent d’écrin à sa poésie explorant les marges de la société.
A 61 ans, l’Américain n’a jamais rencontré le grand public. En 16 albums studio (“Bad as me” est le 17e), il a pourtant construit un répertoire repris avec ferveur par Bruce Springsteen, Robert Plant ou encore Scarlett Johansson. Le musicien fait aussi occasionnellement l’acteur, promenant notamment sa dégaine d’ours mal léché chez Jim Jarmush.
Une incroyable variété musicale
“Bad as me” est son premier album-studio en sept ans. Il succède à “Real Gone” (2004), un album au son distordu et aux paroles cryptiques.
Cette fois-ci, Kathleen Brennan, sa femme et partenaire musicale depuis 1980, lui a demandé d’écrire “12 chansons de trois minutes chacune”, a-t-il confié au site internet américain Pitchfork. “Bas as me” compte finalement 13 titres, mais la consigne d’une approche plus directe a été respectée. Jazz, blues, rockabilly… le disque, solidement ancré dans le patrimoine américain, est d’une incroyable variété musicale, tout comme l’est la voix rauque si singulière de Tom Waits, qui passe d’un hululement inquiétant à une douceur éraillée.
Certaines ballades sont d’un classicisme tellement dépouillé qu’elles semblent tout droit sorties du folklore anglo-saxon. Elle mettent en lumière la poésie toujours aussi imagée, mais ici plus limpide de Tom Waits.
A côté d’histoires d’amour, de virées dans les bars louches et de récits de réveillon raté (l’excellent “New Year’s Eve”), le musicien jette aussi un regard noir d’encre sur la société américaine. “Ce sont des temps difficiles pour certains/Doux pour d’autres/Quelqu’un fait de l’argent/Quand il y a du sang dans la rue”, chante-t-il sur “Talking at the same time”.
Une réponse aux Rolling Stones
Sur “Hell broke Luce”, bruits de bombes et débit martial accompagnent le récit glaçant de vétérans de la guerre en Irak. Mais dans l’univers de Tom Waits, la folie et l’humour ne sont jamais loin. La chanson titre “Bad as me” est un rock déglingué sur lequel il chante en schizophrène: “Tu es la lettre de Jésus sur le mur de la salle de bain/Tu est la mère supérieure en soutien-gorge/Tu es la même sorte de méchant que moi”.…
“Satisfied” est une réponse au tube des Rolling Stones où il s’adresse directement à “M. Jagger” et “M. Richards”. Un numéro d’autant plus savoureux que c’est Keith Richards lui-même qui tient la guitare sur le titre. Car aux côtés du bassiste de Red Hot Chili Peppers, Flea, ou de l’harmoniciste de blues Charlie Musselwhite, le guitariste des Stones est un des invités de luxe de l’album. Il rejoint même Tom Waits pour un duo dans l’émouvant “Last Leaf”, qui évoque le temps qui passe. “Je suis la dernière feuille sur l’arbre/L’automne a pris le reste/Mais ils ne me prendront pas”, y assurent-ils en choeur.
TeleObs.com avec Bénédicte Rey (AFP)