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Fulbert

LES ANGES À LA SIESTE 

Fulbert

Derrière ce prénom d’un autre siècle se sont rassemblés Xavier Plumas (de Tue-Loup), François Chevallier (metteur en scène et compositeur pour le théâtre et la danse) et Cyril Bilbeaud (ex-Sloy).

Une association née de rencontres et de désirs : Il y a quatre ans, alors que Tue-Loup sont en attente d’un nouveau contrat et d’un nouveau bassiste, Xavier Plumas veut utiliser des textes qui dorment. Il rencontre François Chevallier qui lui propose d’aborder ses textes sous un autre angle. À la maison, avant le chant, avant la musique, Xavier lis les textes dans un micro. Ils cherchent ensemble le rythme inhérent à ces mots, concrétisent ces rythmes et commencent alors un travail de composition. En parallèle, ils se découvrent une passion commune pour Harvest de Neil Young (c’est en déchiffrant cet album qu’ils ont tous deux appris la guitare) et entament une reprise de Words (Between the lines of age !). Cyril les rejoint en cours de route, quand les bases de certains morceaux sont posées, et ce trio évolue doucement jusqu’à l’hiver dernier où ils décident d’enregistrer un album.

Ce travail de recherche sur le rythme et les arrangements dépouillés amène la voix sur d’autres sentiers, d’autres chemins de terre. Plus posée, mélodieuse, apaisée… Plus chantée. Pour chacun des trois participants, c’est l’exploration d’un nouveau positionnement : Pour François Chevallier, la formalisation avec un groupe d’un univers musical sensible où il met son appréhension de la dramaturgie au service de ces chansons. Pour Cyril, le travail sur la mise en valeur d’une voix, d’un morceau, en remisant l’énergie brute. Pour Xavier, le regard de ses textes sous un nouvel angle, et l’écoute de sa voix d’une nouvelle façon. La valeur d’abord informelle de ce projet (car Fulbert est un projet parallèle pour tous ses participants) et son approche plus légère (François dit que leur unique idée de base était de

« jouer » au sens ludique du mot) insufflent une liberté et une réelle écoute qui amènent une sérénité générale. Ils invitent aussi Marie Lenfant, une amie de François, à chanter sur certains morceaux. Convaincus par les premiers essais, il décident de lui laisser plus de place, et Xavier écrit pour la première fois un vrai duo, « La Chanson de Cahors », où les voix se répondent magnifiquement.

Pour l’enregistrement, ils décident de rester dans les conditions qui ont vu les morceaux se créer et s’installent dans une maison pendant quelques jours. Privilégiant le fait de jouer ensemble, pour garder cette intimité, cette écoute. Cette manière de travailler amène à la fois de la respiration et de la profondeur aux chansons, un vrai respect des interventions de chacun et en même temps une liberté d’interprétation assez rare. En deux jours les bases des morceaux sont enregistrées, seuls quelques rajouts et la voix seront faits par la suite.

Le résultat est à la hauteur des ambitions : Un disque à part, pictural, brumeux – hors formats, hors normes. Un disque de chansons comme plusieurs petits tableaux qui pourraient sortir d’un grenier, scènes de campagne en clairs-obscurs, comme une succession d’histoires de quotidiens, de personnages normaux… Les textures sonores simples mettent en relief des textes où la campagne, la nature sont très présentes. Les arrangements dépouillés laissent la place à chacun d’élaborer ses mélodies et cela crée une richesse discrète. Il y a quelque chose de très serein ici, tout y est paisible. Ces chansons ressemblent à des matins où l’on regarde par la fenêtre la brume et la rosée, où l’on prend le temps de contempler, contempler les gens, contempler ses souvenirs… Un album dans lequel on se ballade, comme au sein de paysages, où l’on se laisse transporter par ces histoires et ces mélodies comme autant de scènes lumineuses…

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