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Flogging Molly sur www.welovemusic.fr

http://www.welovemusic.fr/chroniques/Flogging%20Molly/4472-Flogging_Molly_-_Speed_of_Darkness

Flogging Molly

Flogging Molly : Speed of Darkness

23 septembre 2011

L’Irlande est une terre de contraste. Le vert des vallées côtoie le gris des rochers. L’ambiance festive de Temple Bar n’est qu’à quelques dizaines de mètres de la misère se déposant sur les quais de la Liffey. Alors forcément, la musique deFlogging Molly, groupe d’irlando-américains mené par un vrai de vrai (cheveux et bouc roux, si c’est pas une preuve ça), s’en ressent fortement.
La pochette semble également annoncer cette lutte entre deux couleurs. Le ‘speed‘ contre le ‘darkness‘. Ca a toujours été le cas dans les albums du groupe de Los Angeles. Les morceaux rapides, parfaits pour retourner les foules en délire à grands coups de riffs de mandoline et de violon, ont toujours partagé l’affiche avec d’autres plus sombres, bercés par une mélancolie si atypique des songwriters irlandais (Dubliners, Pogues…). Après tout, on ne peut pas être irlandais et toujours avoir la patate…
Cette lutte n’a jamais été aussi vraie que sur ce nouvel album. Les ballades sont multiples (« The Heart Of The Sea », « So Sail On », « This Present State Of Grace »), et le sentiment général qui s’en dégage plutôt désabusé. « Revolution » est une chanson consacrée à la working class, qui en irlande souffre particulièrement des effets de la crise offerte par les banques. Le propos ne respire pas forcément la joie, et on s’imagine facilement à déprimer devant sa pinte de Guinness, attablé seul un jour de pluie, en écoutant toutes ces notes de violon, accordéon, mandoline, ou flûte irlandaise.
Mais la force du groupe, c’est de jouer sur les contrastes. A peine de le temps de se sentir envahir par ‘darkness‘ que ‘speed‘ arrive, et déboule avec des gigues en puissance comme « Speed Of Darkness », « Don’t take’Em Down » ou « Saints & Sinners ». Pas le temps de s’apitoyer sur son sort, les refrains de Flogging Molly sont encore taillés pour faire lever les poings, chauffer les gosiers et secouer les chevilles en concert. Les époux King (Dave le chanteur et Bridget la violoniste) s’offrent un superbe duo sur la ballade entraînante « A Prayer For Me In Silence », et madame continue de montrer à monsieur qu’elle aussi sait manier son instrument à la perfection, sur le final de « Rise Up ». L’air qu’elle dégaine au violon transpire l’ambiance des majestueux pubs irlandais, dont les enseignes sont soignées comme des palais, et dont l’intérieur est rempli d’une foule chantant à l’unisson, sourires sur les lèvres et pintes en l’air.
Si les titres de ce nouveau disque ne sont pas forcément taillés pour le live, ils constituent en tout cas l’album le plus abouti des Flogging Molly, qui sortent du carcan minimaliste de la ‘musique de bar‘ en regardant d’autres horizons depuis son île. La magnifique piano-voix « The Cradle Of Humankind » en est la plus belle illustration.

Sébastien Delecroix