L’HOMME ET LA FEMME

Alexandre Chatelard est un musicien français vivant à Paris. Au cours de ses études d’artplastique, il se mit à enregistrer ses premières maquettes dans le studio de son école, lanuit le plus souvent. La musique prenant une part de plus en plus grande, il décidad’abandonner ses études et parti se réfugier dans une cave pour vivre et faire de lamusique, et rien d’autre… Longtemps son style a mûri à l’ombre de Serge Gainsbourg, Jacno ou Air, desquels il puise le raffinement et le sens de la mélodie. Mais on pourraitégalement citer Michel Sardou ou le Club Dorothée. L’oiseau est en effet pénétré de toutesparts : « les daubes nous inspirent autant que nos modèles voire plus ». La quêted’Alexandre Chatelard est la Vérité. Selon lui la musique actuelle est freinée par la peurdu sentiment et du hasard:  » tout est sous contrôle et plus rien ne nous émeut, nos senss’émoussent et nous ne réagissons plus qu’aux stimuli extrêmes ».

Alexandre Chatelard n’utilise pas d’ordinateur ni de correcteur d’intonation : « si tout lemonde en use, c’est bien la preuve que c’est une mauvaise façon de procéder! » Il rêve d’une Nouvelle Vague en musique, qui aurait l’insolence d’enterrer les anciens sansavoir recours aux facilités bruitistes de la musique pour jeune.

D’une manière générale, la question concernant « son style de musique » l’agace, unartiste est d’après lui une matière essentiellement mouvante, instable par nature : « Je meméfie des musiciens trop cohérents qui s’obstinent à n’évoluer que dans un style, il s’agitsouvent d’ escrocs ou de gens intellectuellement très limités ».

Alexandre nous livre des oeuvres à l’intérieur desquelles nous pouvons trouver des failleset nous réfugier, « une oeuvre finie est une oeuvre ratée » selon lui.Lors de la sortie de son premier EP « Les Yeux Verts » paru chez Ekler’o’shock, Alexandre nous a dévoilé la part nocturne et nostalgique de son travail, un disque abolissant quelquepart la frontière entre le mauvais et le bon goût, ne laissant subsister qu’une intention justeet moderne. Sur « l’Homme et la Femme », son nouvel EP (toujours chez Ekler’o’shock) quel’on pourrait assimiler à un concept album, il aborde, en 6 titres, le thème de l’amour quin’existe que parce qu’il est insaisissable: « l’amour n’est beau que s’il est impossible ».PS: « Sinon j’ai une grosse roue de charrette chez moi, je me suis fait tirer dessus en voiture il y a 2 ans, j’ai été renvoyé de mon école pour avoir pissé dans les casiers des prof, j’ai libéré un iguane dans la forêt, j’ai le sentiment d’avoir tué quelqu’un, je déménage tous les 6 mois/1 ans, j’ai vécu dans une camionnette, j’ai annulé un séjour à Ottawa où je devaisme faire greffer un nouveau visage à bon prix, avec l’argent ainsi économisé je me suispayé un piano à queue, j’ai nettoyé de fond en comble une usine de margarine, jepossède une arme à feu en état de marche. »

Propos recueillis par Ginger Gingembre, Janvier 2010, Paris.

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