Adam Kesher
EP (vinyle 10 » & Digital)
Si les années 00’s et leur miracle technologique ont accéléré la résurrection des musiquesmortes, il appartient aujourd’hui aux artistes de talent de s’affranchir d’une trop granderévérence envers la culture de la musique.
C’est dans cette conjoncture inédite que le groupe Adam Kesher apparaît.Il y deux ans à peine, leur EP Modern Times les place dignement, bien qu’arbitrairement, surl’effervescent échiquier du rock hybride réconciliant sophistication primitive et déchargesynthétique. Leur musique – d’essence pop – consciente de son air frivole se démarquait dulot par un regard lucide jeté sur sa condition.
Sous le charme, les programmateurs de grands festivals les approchent, le public de laRoute du Rock, des Eurockéennes ou du Paléo, dansent avec frénésie et rebondissent dejoie.
Après un second ep (An allegory of chastity), une tournée nationale, plusieurs crochets parl’Angleterre, une tournée uppercut en Allemagne et aux États-Unis, la formation tamise savision et sort en avril dernier leur premier album intitulé Heading For The Hills, Feeling WarmInside qu’ils défendront en avant première à Austin au fabuleux festival SXSW. L’on y découvre un groupe plus mutant qu’hybride. Un songwriting diablement soigné,subtilement perverti, ancré avec force dans le coeur d’un son touffu soutenu très haut pardes arrangements paranoïaques.
Signe de l’élan d’estime qu’on leur porte, des artistes comme Digitalism à Montréal ou «saint» Sébastien Tellier, les invitent à les rejoindre sur scène.
Digne lauréat du Fair, chouchou de la maison Chanel, Adam Kesher enchaîne grave.2009, année charnière les fait pivoter sur un nouvel axe, déterminant.
Le groupe aujourd’hui remodelé, est bel et bien disposé à prendre la culture pop à rebours.Garder le sel qui en fait son immense richesse, et gratter ses zones de friction. Pimenter lasève.
Disposer de soi, témoigner de ce que l’on est. Partir de chez soi, s’élancer dans l’intime inexploré.
Une distanciation, non sans distinction, qu’Adam Kesher marque avec panache sur leurnouvel EP, Continent,. Ah, Continent. Plus lucide que jamais, le songwriting se resserre,perd du bide, pour se coller à la chair. Diffuse, l’intensité d’hier est aujourd’huimultidimensionnelle, tendue, aérienne.
« Attraction », « Hanging Around » et « Knock Myself Out » sont des fables sur l’autoaliénation, ou comment l’absurdité des organisations humaines murent la possibilité d’unautrement.
Une faiblesse de la volonté inconcevable pour Adam Kesher, qui petit à petit prend en mainsa destinée, le regard en avant.Les prémices d’un second album prévu au printemps avant lequel, comme un pont jeté entreces deux évènements, le groupe entame une de ses plus importantes tournée française (aucôté des Stuck in the Sound).
Gonzague Dupleix