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Marshmallow

RJ/ PRODUCTIONS

On était en 2012 et les défenseurs d’un rock cocorico n’étaient d’accord que sur une chose : des scènes de Pigalle aux pubs de La Rochelle, l’affaire était entendue, ces quatre Clermontois (Corréziens en vrai) étaient la crème de la crème. Des docteurs ès Beatles qui maîtrisaient leur théorème de Ray Davies sur le bout des doigts et jouaient comme un seul homme dans une cohésion qu’on avait rarement vue de ce côté-ci du Channel. Respectés de tous pour leur capacité à atteindre si facilement le Graal : une pop en français ni trop sérieuse ni trop futile. Mélodies entêtantes. La pop de là-bas dans la langue d’ici.

Marshmallow sort en 2013 un premier album précédé d’une solide réputation (et de plusieurs EP et albums autoproduits). Les mecs avaient creusé leur sillon et labouré la France depuis l’adolescence avec des sets de plus de trois heures qui se terminaient souvent sur le trottoir quand le patron virait tout le monde manu militari.

Estimés par leurs pairs, avides d’aller chercher le grand public, les membres de Marshmallow allaient vite déchanter. Trop populaire pour certains, trop indé’ pour d’autres, leur album (produit par Yarol Poupaud et mixé par Mark Plati) mesurerait le gouffre qui s’étend parfois entre rêve et réalité, entre bonnes chansons et succès commerciaux.

La remise en question fut violente pour un groupe qui vivait dans l’exiguïté permanente et la joie du concert du lendemain depuis des années. Soudé depuis l’école, le gang explosa. Chacun fit sa vie, ou presque. Fred Gamboa, chanteur et auteur/compositeur, se retira pour de bon dans sa Corrèze natale et fomenta avec l’application d’une fourmi une suite ambitieuse à ces années de cigale. Une quarantaine de chansons virent le jour dans son garage, d’où il observait le monde partir en cendres. Cette opposition entre nature retrouvée et futur incertain a nourri ces nouveaux titres, souvent plus sombres. Le passé, le présent et le futur s’y fondent dans le décor des grands espaces, l’écriture est un brin psychédélique, l’atmosphère post-apocalyptique.

Julien Zanetti, le bassiste et sans doute l’âme du groupe, sent que le moment est venu de revoir la lumière. Il prend Fred Gamboa par la main et lui fait clarifier ses morceaux, ses idées et envies. Il l’emmène aux studios ICP à Bruxelles où ils mettent en boite une quinzaine de titres.

Un album est prêt et un EP sort en novembre, comme on relancerait au poker juste pour voir ?

Non ! Mais parce qu’ils pensent qu’une bonne chanson est éternelle et que l’histoire jugera. Peut- être aussi parce qu’ils ne savent faire que ça ou que le concert du lendemain est à portée de main.

Et nous tous, fans de rock qui aimons tant lire le récit des oubliés, des presque et des peut-être que cette musique nous a offerts, saurions-nous reconnaître un de ces héros que nous admirons s’il venait de chez nous ? Ladies and gentlemen, voici un grand groupe et voici de grandes chansons.

Voici MARSHMALLOW

(« Ce nom est une erreur de jeunesse, en plus je n’ai aucun souvenir du jour où nous l’avons commise » F Gamboa.)