Black Diamond Heavies en concert le 11 mai à La Boule Noire
Quelques part entre JON SPENCER BLUES EXPLOSION et SUICIDE!! Ray Ban mi teinte, Fender Rhodes et sourire d’un dieu se tripotant sous le piano… avouez que le menu est alléchant!Surtout quand la formation originale est un duo et qui a le mauvais goût de cultiver un nom légèrement tendancieux. Comprenez, Black Diamound Heavies, nom venant de sudistes pure souche ; Électrique, voilà l’un des groupes les plus électriques, le genre à vous filer des envies de fessées. Et pourtant, plus aucune guitare à déplorer dans ce groupe. Quelque part, dieu merci. Car ici c’est le Rhodes et le synthé basse analogique qui s’occupe de la musique.
Pour la rythmique infernale c’est le batteur fou, un geek à la casquette de poissonnier du désert, le plus improbable possible. Ici on ne parle quasiment que de boogie trituré, carré comme un HLM, vicieux comme un belge, bourré d’humour . Mais l’essence même de ce groupe, son étincelle est le seul moteur valable pour toute chanson électrique: le sexe. Car la musique a un vrai pouvoir de jouissance.
THE BLACK DIAMOND HEAVIES “EVERY DAMN TIME”
“At full steam, ‘Every Damn Time’ could soundtrack a Wild West train heist. When notched down, it is darker, moodier and even better. A fabulous debut.’ – NME (rating=8)
“Quand la crasse remonte, il n y a guère de place pour le gélatineux et le plastique”
Rien à faire, quand j’ai mis ce disque sur la platine, j’ai cru d’abord que mes enceintes chialaient pour la dernière fois. Je refais mon opération avec mon casque cette fois. Et bordel rien à faire, ils ont osés ce que n’importe quel ingé son, du moins en France pour la majorité des tapettes que j’ai rencontré, n’aurait pas l’idée de faire. Foutre ces putains de consoles à fond !! faire craquer le mastering à le rendre poisseux comme si vous aviez branché une big muff russe sur votre chaîne stéréo. C’est vrai. Dur d’y penser pour des mecs qui ont en référence Pearl Jam et Noir Désir, et qui t’expliquent la vie parce qu’ils ont sonoriser une fois Bénabar au festival du bled. black-diamond-coverBref, Dan Auerbach des Black Keys, et producteur de renom pour l’indé garage ricain, est un génie. Je pense que c’est le mec le plus doué du moment quand il s’agit de jouer au pyromane dans les maisons de retraites avec des ingrédients d’époque. Une époque où l’essence coulait à flot et où les machines à lampes en tout genre régnaient sur les studios.
Même s’il fallait me taper Eisenhower, rien que pour le son je retournerai dans les fifties. Donc ça sonne grave pour les Black Diamond Heavies. Un duo de prophètes illuminés par un gospel macabre. Il y a Van Campbell, batteur énervé qui aurait pu jouer dans Canned Heat. Le bourreau du groupe. L’autre a plus des allures de repris de justice roquet. James Lang a ce grain vocal des plus grands meurtriers punks. Il chante comme s’il parlait à une pin up désabusée, serveuse dans un de ces trop nombreux motels miséreux du sud des States. Toujours à deux doigts de te mettre une baffe. Très blues, moralisateur et grand prêcheur du Fender Rhodes Mark One saturé à souhait, ce mec transpire de toute son âme et le soulagement vaut l’écoute. Je ne vais pas refaire une énième carte postale de petit enfoiré européen à quatre pattes devant la culture des gros ricains, mais cette histoire de Black Diamond Heavies aurait pu imager des Souris et des Hommes ou apporter un peu plus de violence à Délivrance. Ouais c’est moche en fait, il n’y a que ce côté difforme qui m’attire sous fond de rythm n’blues nerveux et de soul écorchée. Il y a ces reprises de Tina Turner et de Nina Simone, on dirait des compos. Et il y a ce morceau, Bidin’ my time, slow qui ouvre les portes du paradis. Ça passe par toutes les envies. L’amour pour le rhodes et le saxe qui couine gras comme sur un vieux Fats Domino. Une tristesse en toile de fond qui donne envie d’espérer mais juste à court terme et aussi cette sensation macabre que si je crève j’aurai envie qu’ils passent ça à mon enterrement. Tout dépend de qui sera le «Ils ».
A touch of someone Else’s class. Tout est dit. Le whisky est finalement brûlant et les nuits seront vierges de tout amertume. Ce n’est qu’une étape. Pour apprécier, il ne faut juste pas faire semblant. Le tribunal de la sainte inquisition sonique de Dan Auerbach n’aime pas les tricheurs et le mot numérique est un blasphème. Happy Hour clôture le disque, swing rock n’roll speedé, qui me fait un beau doigt d’honneur. Comme pour me dire “Eh ouais mec on t’a bien baisé sur les dix morceaux précédents”. Vidé…
Black Diamond Heavies // A touch of someone else’s class // Alive Records