Vingt ans que l’agréable Canadien joufflu s’échine à polir une pop artisanale au fil d’albums qu’on laissa glisser sans leur attacher une ferveur sans doute méritée. Ron Sexsmith est depuis longtemps couvert d’éloges par ses pairs, y compris ceux auxquels il fait penser (McCartney, Costello, Elton John…), et bien des connaisseurs l’estiment.
Que se passe-t-il de nouveau cette fois ? Long Player dit la fidélité à une manière démodée. Late Bloomer tend une perche : et si c’était là, sous nos oreilles enfin ébahies, la véritable éclosion ? Le doux Ron fait sa révolution de velours à coups de guitares sonnantes et d’une évidence mélodique dont il a dû déterrer un plein sac en bêchant les mêmes plates-bandes. Get in line donne le ton sur tempo médium, Believe it when I see it, Heavenly, Love shines ont l’éclat des perles rares. Every time I follow vient en droite ligne du grand song-writing des années 1940, et si Sexsmith persiste avec tant de grâce aux abords de la cinquantaine, c’est qu’il ne s’est jamais vu pop star.