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La Vague

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SYNOPSIS

En Allemagne, aujourd’hui. Dans le cadre d’unatelier, un professeur de lycée propose à sesélèves une expérience visant à leur expliquer lefonctionnement d’un régime totalitaire. Commencealors un jeu de rôle grandeur nature, dont lesconséquences vont s’avérer tragiques.

 

NOTES DE PRODUCTION

 

LA “TROISIEME VAGUE”

L’expérienceÀ l’automne 1967, Ron Jones, un professeurd’histoire du lycée Cubberley à Palo Alto (Californie),conduit une expérience avec sa classe. À l’occasiond’un cours sur le nazisme, un de ses élèves luipose une question à laquelle il est incapable derépondre : “Comment le peuple allemand pouvait-ilignorer le génocide des juifs ? Comment les citadins,les cheminots, les enseignants, le corps médical,comment tout ce monde-là a-t-il pu revendiquer nerien savoir des camps de concentration ? Commentdes gens qui étaient les voisins, et peut-être lesamis des citoyens juifs, ont-il pu prétendre qu’ilsn’avaient rien vu ? ” Ron Jones décide, sur un coup de tête, de menerune expérience. Il instaure dans la classe un régimede stricte discipline, restreignant la liberté de sesélèves et transformant la masse en un seul corps.Le mouvement est appelé “La troisième vague”.À la grande surprise du professeur, la classeréagit plutôt bien à la contrainte d’obéissance quilui est imposée. L’expérience, qui ne devait durerqu’une seule journée, va répandre son emprise surl’école toute entière. Les membres du mouvementcommencent à s’espionner les uns les autres, etles réfractaires se retrouvent ostracisés et mêmetabassés. Au bout du cinquième jour, Ron Jones estcontraint de mettre un terme à l’expérience.Cette histoire vraie a inspiré le roman de ToddStrasser, “La Vague”, qui est, depuis vingt ans, unclassique de la littérature de jeunesse et qui figuretoujours au programme de nombreuses écolesallemandes.Véritable phénomène de société, l’adaptationcinématographique de Dennis Gansel a réuni plusde 2,5 millions de spectateurs outre-rhin.

 

LE PHENOMENE DE L’ « OBEISSANCE EXTREME »

Aujourd’hui encore, le phénomène de l’obéissance extrême à l’autorité, tel qu’on a pu l’observer sousle IIIème Reich, échappe en partie à l’analyse scientifique. Des expériences fameuses ont toutefoisété menées, dans le cadre de la psychologie sociale, pour analyser le comportement des individus ensituation de groupe. Ces expériences ont produitdes résultats troublants.L’une des plus célèbres est celle de la prisonde Stanford, menée en 1971. Elle avait pour butd’examiner le comportement humain en conditions d’incarcération. L’expérience Milgram, quant à elle,fut conduite en 1962 sous la direction du psychologue Stanley Milgram. Elle portait sur la faculté des individus à se soumettre à des injonctions contrairesà leur conscience ou à leurs convictions. PhilipZimbardo, qui a dirigé l’expérience de Stanford, a récemment établi un parallèle entre ses résultats de 1971 et le traitement récent des prisonniers irakiens de la prison d’Abu Ghraib.“La notion d’“autocratie” ne désigne, au fond, qu’une sous-catégorie du despotisme, et soulèvela question du fascisme.” remarque Dennis Gansel.“Mais un professeur désireux d’expliquer un telphénomène à ses élèves risque d’être trop explicite en employant d’emblée le terme “fascisme”.“Autocratie” est un terme qui paraît plus inoffensif, bien qu’il désigne les mêmes mécanismes sociaux”. Les scénaristes du film savaient évidemment combien la question du nazisme est un sujet de premier ordre dans les écoles allemandes. Ils sont repartis de ce constat : “Quand j’allais à l’école, dit Peter Thorwarth, la question des nazis et du IIIème Reich revenait constamment dans les cours, aussi bien en Histoire qu’en sciences politiques, dans les cours de religion, de littérature, ou même de biologie. Au bout d’un moment, en tant qu’élèves, vous commencez à en avoir marre, vous avez le sentiment d’en avoir assez entendu sur le sujet. Il y a une lassitude, qui en découle, et même une certaine arrogance. On se dit : “On a compris, c’est quelquechose qui n’arrivera plus”. Et c’est là que se situe le danger selon moi”.

 

DENNIS GANSEL INTERVIEW

 

Avec LA VAGUE, vous revenez à la question du nazisme, que vous aviez déjà traitée dans NAPOLA. S’agit-il d’une coïncidence, ou le sujet vous touchet-il particulièrement ?

C’est un sujet qui m’a toujours intéressé. La question de savoir si le fascisme pourrait réapparaître, et comment ce système fonctionne, m’a toujours fasciné. C’est quelque chose qui est probablement lié à l’histoire de ma famille. Mon grand-père était officier sous le IIIème Reich, et cela a toujours beaucoup tourmenté mon père et mes oncles. Je me suis souvent demandé, quand j’étais jeune, comment j’aurais moi-même réagi dans une telle situation. Avec NAPOLA, j’ai essayé de comprendre commentles choses pouvaient se passer à l’époque, commentles Nazis s’y sont pris pour détourner toute une population du droit chemin.

 

Dans LA VAGUE, laquestion est : comment pourrait-on s’en voir détourné aujourd’hui ?

Quel est le fonctionnement du fascisme ? Serait-il possible à l’heure actuelle ? Une telle chose pourrait-elle se produire à nouveau, dans une école allemande tout ce qu’il y a de plus normale ? Qu’est-ce qui vous a intéressé dans l’expérience de la“Troisième Vague”, au point d’en tirer un film ?

Je me rappelle très précisément la première fois que j’ai lu “La Vague” de Todd Strasser. En lisant un tel livre, on ne manque pas de se demander : Qu’aurais je fait dans une telle situation ? Aurais- je pris part à ce processus ? Bien sûr, on se dit que le contexte est différent, que ces événements ont eu lieu il ya longtemps, dans les années 60 et aux USA. On est tenté de se dire qu’une telle chose ne pourrait se produire dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Nous sommes partis de cette idée en situant le film dans l’Allemagne contemporaine, afin de se demander si, justement, une telle chose serait possible.

 

En quoi a consisté la préparation du film ? Quelles recherches avez-vous menées ?

Nous disposions des notes originales de Ron Jones,et savions donc très précisément comment s’était déroulée l’expérience. Mais dès lors que nous avons choisi de transposer cette histoire dans l’Allemagne d’aujourd’hui, il a fallu l’adapter au contexte qui est le nôtre, un contexte spécifiquement allemand. Peter Thorwarth et moi avons grandi dans des environnements similaires, et sommes repartis de nos souvenirs pour planter le décor du film. Certains des personnages sont inspirés directement de gens que lui et moi avons connus. Des élèves que nous fréquentions, des professeurs que nous avons eus, ou que nous aurions aimé avoir. Prendre appui sur ces bases réelles nous a été d’un grand secours pour développer l’histoire : nous nous sommes demandés, très naturellement, comment ces personnes auraient réagi dans les situations que nous voulions dépeindre.

 

Diriez-vous que le succès de l’expérience repose avant tout sur la popularité du professeur ?

 Bien sûr, le fait que le professeur soit très charismatique rentre en ligne de compte. Il s’agit dequelqu’un qui est par nature un meneur, qui a une forte capacité de persuasion et que les élèves admirent. Mais je crois que le système fasciste qu’il met en place est suffisamment scélérat, d’un point de vue psychologique, pour qu’une telle chose se produise n’importe où et n’importe quand. Prenez des gens quisont habitués à ne pas avoir voix au chapitre et donnez leur, subitement, une part de responsabilité. Formez une communauté, qui va redéfinir l’identité du groupe d’élèves. Faîtes en sorte de faire disparaître tout ce qui les oppose, en donnant à chacun l’opportunité de se distinguer. Je crois vraiment qu’une telle expérience pourrait fonctionner n’importe où. En particulier dans le cadre de l’institution scolaire. On sait bien comment fonctionne le lycée, comment se hiérarchisent les relations entre les élèves, avec, au sommet, les plus populaires, qui ont un rôle de leader, et une quantité d’élèves plus timides, qui n’arrivent pas à se distinguer. Je suis convaincu que si vous vous emparez d’un système comme celui-ci et que vous le retournez d’un coup, une telle expérience fonctionnerait à nouveau. Nous vivons aujourd’hui dans des sociétés individualistes.

 

Le besoin de sortir du lot est-il ce qui rend possible une expérience comme LA VAGUE ?

Quand j’étais jeune, je rêvais de pouvoir m’identifier à une cause. Je jalousais mes parents d’avoir connu les mouvements étudiants des années 60, une époque où les jeunes partageaient un objectif commun, essayaient de changer le monde tous ensemble. J’ai grandi dans les années 80-90, dans un monde où les mouvements politiques se comptaient par milliers,mais sans véritable direction commune. Rien, en tout cas, qui puisse vraiment susciter l’enthousiasme. C’est quelque chose qui m’a vraiment manqué, et je crois que les jeunes d’aujourd’hui ressentent la même frustration. Je pense que les gens ont un besoin profond d’assises solides, d’idéaux. La tendance à l’individualisme et à l’atomisation de nos sociétés ne pourra pas fonctionner éternellement. Un tel contexte créé inévitablement un vide, et le danger est qu’un nouveau “isme” se présente pour le remplir. Ron Jones est très enthousiaste à propos du film.

 

Son adhésion était-elle importante pour vous ?

 Bien sûr. Il était le point de départ de notre histoire, celui qui était à l’origine de l’expérience. Le film est en grande partie basé sur le travail qu’il a mené. Le mimétisme a même dépassé nos ambitions, d’une manière assez troublante. Nous avions décidé que la femme de Rainer (Christiane Paul) serait professeur elle aussi, qu’ils vivraient sur une péniche, et se disputeraient au sujet de l’expérience. Quand nous avons montré le premier montage du film à RonJones, celui-ci nous a dit : “C’est incroyable. Je vivais moi-même dans une espèce de cabane avec ma femme, et nous avons eu exactement les mêmes discussions que dans le film !” Ce que nous ne savions absolument pas. Nous avons écrit ces scènes de façon parfaitement intuitive, et, au final, nous avons décrit les choses telles que les a effectivement vécues Ron Jones à l’époque. Même s’il s’agissait d’un travail de fiction, nous avons essayé de rester aussi réalistes que possible, et de nous demander continuellement ce qui serait le plus plausible, d’un point de vue psychologique, pour les personnages. Alors quand Ron Jones nous a confié que le film lui semblait crédible à 100%, nous avons reçu le plus beau des compliments.

 

 

DENNIS GANSEL – Scénariste et réalisateur

 

Dennis Gansel est né en 1973 à Hanovre. Etudiant à la Munich Film School, il réalise les courts métrages The Wrong Trip et Living Dead en 1995 et 1996. Tous deux sont produits par Christian Becker, qui suit les mêmes cours que lui, et remportent le Prix Murnau du court-métrage. En 1998, il enchaîne avec un autre film court, Im Frautag Des Herren (“AMission from God”). Son diplôme en poche, Dennis Gansel réalise pour la télévision son premier long métrage, “ThePhantom”, un thriller politique à propos de la “bandeà Baader” (lui aussi produit par Christian Becker et interprété par Jürgen Vogel), qui remporte le Prix Jupiter, le Prix Adolf Grimme, et le Prix du Public3SAT du Meilleur Téléfilm.

En 2001, il fait ses débuts sur grand écran avec un teen movie, GIRLS ON TOP, qui est un succès commercial et lance la carrière de plusieurs jeunes comédiens, dont Karoline Herfurth (LE PARFUM). Il se lance alors, avec Maggie Peren, dans l’écriture de NAPOLA (BEFORE THE FALL). Le script, dont l’action se situe dans un camp d’éducation nazi, remporte en 2003 un Prix Fédéral récompensant les scénarios non encore portés à l’écran. Ce drame intense sortira sur les écrans en 2004, et remportera le Prix du Public du Hamptons FilmFestival à New York, celui du Meilleur Film au Festival du Film Européen de Viareggio, et un Prix de la Mise en Scène, en 2005, au Festival du Film Bavarois. L’acteur Max Riemelt (qui y tient le rôle principal et incarne Marco dans LA VAGUE), gagne le Prix du Meilleur Acteur au Festival International du Film de Karlovy Vary.